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Michel soulier

 

EXTRAITS DE VERS L'AVENIR, recueillis dans "D'une fusion à l'autre", E. Massaux, 1989.

 

Le 27 août 1977, RSC Anderlecht - Union Royale Namur : 22ème minute de jeu...

 

Ce drame du Parc Astrid n'a duré que quelques minutes. Le jeu se déroulait sur le flanc opposé de la défense namuroise quand Michel Soulier s'effondra subitement au grand étonnement de l'avant-centre anderlechtois Peter Ressel qui s'en inquiéta le premier en attirant l'attention de l'arbitre. Jean Catinus, Jacques Adnet et le soigneur Unioniste Philippe Mawet se précipitèrent aussitôt. Ce n’était pas un cas banal qu'un coup d’éponge miracle suffit a régler et l'on commença a prendre la chose au sérieux lorsque M. Vanderhaeghe appela les secouristes. En traversant le terrain sur la civière, l'infortuné joueur n'avait déjà plus de réaction. Devant la gravité de la situation, le docteur du club bruxellois, M. Malvaux, estima que l'intervention du 900 était indispensable. "Son pouls ne donnait plus signe de vie avant que l'on ne place Michel dans l'ambulance" nous a rapporté l'ancien soigneur M. Senepar. M. Gaillard, secrétaire de l'Union, qui assistait également le joueur, confirmait ces propos en nous disant que le bouche à bouche et un massage du coeur avaient déjà été tentés avant son transfert à l’hôpital tout proche de la commune d'Anderlecht.

 

Les joueurs et les supporters ne savaient pas !

 

Pendant le repos, nous apprenions que Michel Soulier était en salle de réanimation. Las ! La partie était a peine recommencée que l'on vint chercher le Président de l'U.R. Namur, M. Charlier, à la tribune officielle, ou il voisinait avec M. Namêche, Bourgmestre de Namur, qui avait tenu à vivre cette rencontre (...Ndlr d’actualité : c'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît ses meilleurs amis...).

Le coup de massue ne tarda point. Dans la tribune de Presse, on nous fit part de l'issue fatale. Du match, des buts, il ne fut plus guère question pour nous. Mais sur le terrain et parmi les cohortes de supporters parés de mauve, on ne savait pas ! Les Unionistes continuèrent à s'efforcer de répliquer honnêtement. La vision de leur compagnon en détresse avait néanmoins sapé leur ardeur, tandis que les sympathisants anderlechtois réclamaient des buts supplémentaires. Croyez-nous, ce concert de cris et de trompettes qui, d'ordinaire, a sa part d'attrait, faisait bien mal au coeur des Namurois au courant de la triste nouvelle. Alors que le match s'achevait, un dirigeant bruxellois alla prier discrètement les supporters de modérer leurs transports en raison de la circonstance. Le dernier but, le dixième, fut ainsi accueilli moins bruyamment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une grande tristesse

 

Nous vous prions de croire que la douleur n’était pas feinte chez les joueurs unionistes et leur entourage quand ils apprirent l'issue fatale. Prenant le chemin des vestiaires a la tête de l’équipe, Jean Catinus était atterré quand Michel Delire le mit au courant. Il devait nous expliquer plus tard : "Habituellement, quand un camarade est allé au sol, on l'aide à se relever et il a tôt fait de reprendre le dessus. Ce n’était pas pareil. Quand je lui ai demandé ce qu'il avait, Michel n'a même pas pu me répondre. Il râlait et comme cela s'accentuait quand nous avons entrepris de le redresser, nous l'avons recouché aussitôt. Sans aucun doute, cela paraissait grave. Un cas mortel aussi rapide arrive si rarement sur un terrain de football que l'on a peut-être commis l'erreur de perdre un temps précieux en le transportant, alors qu'un massage du coeur ou le bouche à bouche auraient pu éviter le pire".
C’était la désolation dans les vestiaires de l'U.R. Namur. Au préalable, Bertoncello avait fondu en larmes lorsque, doublé par Dumont à la 64eme minute, Michel Delire lui apprit, sur le banc des réservistes, la mort de Michel. Un autre joueur Unioniste savait en cours de match : le keeper Guy Mathot, qu'un dirigeant cru bon d'avertir, ce qui explique sa fin de rencontre en dessous de ses possibilités.


Crise cardiaque provoquée ou non par le ballon ?


Ce n'est qu’après le transport de Michel sur la civière que l'on s'est rappelé aux bancs de Presse que, très peu de temps avant de s'effondrer, Michel avait reçu en pleine poitrine un violent tir partant du pied de Benny Nielsen. On ne manquera pas de faire le rapprochement avec le cas de Reynders qui, à Bruges, tomba aussi quelques minutes après un dur dégagement de Nicolay. Ledit Reynders avait toutefois eu de petits ennuis du côté du coeur au préalable et il s'en tira momentanément. Alors, on se posait la question pour Michel Soulier. Etait-il cardiaque sans le savoir et une seule crise brutale a-t-elle eu raison de sa jeunesse, de sa résistance physique bien connue, ou alors le shoot qu'il a reçu a-t-il provoqué, par exemple, l’éclatement de l'aorte ou un hématome à la base d'un étouffement?
Le Docteur Malvaux optait pour une crise cardiaque. Toujours est-il que, comme il s'agit d'un accident de jeu, le permis d'inhumer n'a pas été délivré par le médecin de l’hôpital et, par le fait même, le Parquet marque aussi son opposition. De toute façon, une autopsie a été requise pour déterminer la cause exacte de ce drame navrant.

 

Un battant, un gentil, un ami.

 

Michel Soulier partant comme ca, était-ce possible ! La larme à l’œil, des sanglots chez ceux qui le connaissaient plus intimement, ont bien du se rendre a l’évidence, ce samedi soir à Anderlecht.
"Miche", comme l'appelaient volontiers ses camarades, était né a Buissonville le 23 février 1950. C'est de Hannut, ou il a fréquenté le Collège Sainte Anne, qu'il fut transféré a l'Union Royale Namur alors qu'il venait d'entrer dans la catégorie des juniors. Son ardeur inlassable, sa volonté de vaincre et sa classe naturelle lui permirent d’être aligné rapidement en première. Sur le terrain, on admirait sa force de frappe, de caractère, ses qualités de battant, son esprit revanchard. "Miche", c’était encore le cri de guerre qu'il lançait pour appeler la balle au cours de ses multiples montées en ligne, ses retours en quatrième vitesse pour reprendre sa place, sa résistance aux coups. Ce dur, cet arrière impitoyable, faisait place au garçon extrêmement gentil, poli et toujours de bonne humeur quand on le côtoyait ailleurs. Et ce n'est pas un commentaire pour une fois pas tellement en sa faveur qui l’empêchait de venir nous serrer la main spontanément, le sourire aux lèvres. "Miche" était vraiment l'ami de tous au sein de la nombreuse famille de l'U.R.N. ou sa disparition est durement ressentie.

 

Une situation poignante.

 

Bien davantage que sur le plan sportif, c'est la situation familiale causée par ce drame qui est poignante. Unis depuis trois ans, Michel et Gisèle formaient un couple sympathique, jeune et heureux. Occupé d'abord au "Néon Mosan" avec Daniel Dupont, Michel Soulier, pour des facilités d’entraînement avait opté pour un travail plus régulier, en entrant a l'atelier central des Bas-Prés comme ajusteur. Là comme ailleurs, il fut aussitôt adopté. Depuis son mariage, il s’était fixé à Ciney, soit à peu près à mi-chemin entre ses occupations principales et sa famille a Buissonville. Il avait achevé l’aménagement de sa maison a Ychippe-Leignon, d'où son épouse est originaire. C'est là que, tous deux, attendaient un heureux événement tout proche. On ressassait tout cela en revenant dans le car, où deux places occupées à l'aller étaient vides. Courageusement, car quelle n'était pas sa douleur, son épouse était restée à l'hôpital avec M. et Mme Charlier, où l'arrivée des parents de Michel était annoncée. Quel choc aussi là-bas. Le papa de M. Soulier, qui doit se ménager, n'avait pas pris le risque d'aller au match. Jouant paisiblement une partie de cartes, il écouta le résultat à la radio. Ce fut terrible, quand un peu plus tard, un garçon entra dans l'établissement et annonça, sans remarquer la présence du père, qu'à la télévision on avait dit que Michel était mort. Tout de même, on aurait pu attendre le lendemain matin !
L'éclaircissement des circonstances de ce drame du Parc Astrid ne rendra pas, hélas, Michel à son épouse, aux siens et à l'Union Royale Namur. Qu'ils veuillent trouver ici l'expression de notre sympathie attristée. (Maurice Dandumont, Vers l'Avenir).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les témoignages

 

Le soigneur de l'URN : "Michel venait de me faire signe de lui porter secours quand il s'est effondré. J'avais trouvé ce geste étonnant de sa part alors qu'il était considéré comme un joueur dur envers lui-même et ne se plaignant pas facilement".

 

Peter Ressel : "Nous revenions ensemble de la ligne de but et il courait à côté de moi quand, soudain, je ne le vis plus. En me retournant, je l'aperçus par terre, les yeux déjà révulsés et pris de tremblements".

 

Michel Delire, l'entraîneur de Namur : "Quand je me suis amené près de lui, il tremblait de tous ses membres et il donnait l'impression d'avoir le cou gonflé. J'ai cru qu'il s'agissait d'une attaque d'épilepsie".

 

Le Docteur Malvaux : "Je crois que cliniquement, il était déjà mort sur le terrain. Nous ferons une autopsie pour déterminer la cause exacte de son décès. Nous sommes parvenus à le maintenir en vie par nos massages mais à chaque arrêt, le coeur cessait de battre. Il ne nous était pas possible de faire davantage et l'hôpital n'a pu le faire non plus".

 

Jean Catinus, le capitaine namurois : "C'était une force de la nature. Combatif, agressif même parfois. Il était sans doute le plus costaud de nous tous. Et pour l'équipe, c'était une valeur sûre".

 

Monsieur Charlier, Président de l'U.R.N. : "C'est la seule fatalité qui est responsable de pareil accident. Je tiens pourtant à exprimer ma gratitude envers le club d'Anderlecht et son staff médical qui furent parfaits en la circonstance".

 

Georges Bertoncello qui n’avait pas le cœur à la blague quant il tira les conclusions que son expérience lui dictait : " C’est le quatrième cas que je connais depuis le début de ma carrière. Nico Reynders, Léon Gorissen à la fin d’un entraînement,
Gilbert Dujeux, du S.C. Charleroi. Tous dans les mêmes circonstances : le football en lui-même n’y est pour rien, ils sont victimes, comme beaucoup d’autres dans la vie de tous les jours, du stress, de la tension nerveuse que les obligations qu’ils se créent leur imposent ".

 

Jean-Pierre Guillaume : " Nous n’avons connu l’issue fatale qu’après le match. Lorsque Michel s’est écroulé, je me suis précipité pour venir aux nouvelles en me disant que cela devait être grave car Michel Soulier n’avait rien d’un comédien. C’était un véritable roc qui ne s’avouait jamais vaincu. J’ai cru d’abord à une crise de nerfs ou d’épilepsie et je pense que malgré le rude coup à bout portant reçu, son caractère de battant aura pris le dessus sur la douleur. Je veux dire qu’en d’autres circonstances, il serait simplement sorti pour récupérer mais comme il s’agissait d’Anderlecht, sa volonté de rester au jeu aura prévalu. Mon frère qui était dans le public a filmé toute la scène et il sera intéressant de revoir cette phase capitale la semaine prochaine. Mais lorsqu’il fut étendu sur la civière, Michel donnait déjà l’impression de se trouver dans un état comateux. Nous avions pris un repas en commun avant le départ, dans un restaurant proche des Champs-Elysées et le comble, c’est que son épouse qui était à mes côtés m’avait signalé qu’en 1972, lorsque nous étions parvenus aux quarts de finale de la Coupe de Belgique pour nous mesurer à Namur au Standard de Liège, Michel et moi n’avions pas été retenus par l’entraîneur de l’époque, Naumovic. Et cette épouse qui attend un heureux événement pour la prochaine quinzaine d’ajouter : c’est une belle revanche pour les deux évincés de 1972… C’est une perte pour le club, conclut Jean-Pierre, pour ses compagnons également, mais que dire de cette famille plongée dans la désolation car Michel, marié depuis 4 ans, avait construit sa maison à Ychippe, près de Ciney, quasi de ses propres mains et il en était fier. Tout dans ce jeune ménage respirait le bonheur. Cette brutale disparition va probablement nous marquer pour longtemps… ".

 

Aujourd'hui, le stade Michel SOULIER a laissé place à un parking, mais le souvenir de Michel perdure. Ainsi, son numéro 3 a été définitivement retiré de la liste d'attribution des maillots.

 

 

Le stade des Champs-Elysées devient le stade Michel Soulier

 

Dans le but de garder pour la jeunesse namuroise le souvenir du sportif exemplaire de Michel Soulier, tragiquement décédé en Coupe de Belgique au Sporting d'Anderlecht, le Conseil d’Administration de l’Union Royale Namur, après avoir reçu l’assentiment du Collège échevinal de la Ville, a décidé de donner à ses installations sportives de la plaine Saint Nicolas, le nom de "STADE MICHEL SOULIER".
D’autre part, nous avons encore appris que le Conseil d’Administration avait marqué son accord pour demander le concours du Sporting Club d’Anderlecht afin de disputer un prochain " benefit match ". Si cette proposition est acceptée (elle le sera) par le club bruxellois, la rencontre aurait lieu un mercredi soir, le plus tôt possible. Une partie en nocturne sous-entend un éclairage répondant aux normes officielles, ce qui veut dire que ce débat se disputerait probablement dans les installations de Jambes (Ndlr : tiens, tiens,…voilà qui donna et qui continue de donner certaines idées malsaines à certains...).

 

 

Michel Soulier – Sa carrière à l’U.R.N. en bref

 

Saison - Nombre de sélections - Remarques

 

* Division III B - 1967-1968 - 1 sélection - Première sélection (et unique de la saison) : U.R.N. –Audenaerde : 1-0

* Division III B – 1968-1969 - 0 sélection 

* Division III A – 1969-1970 - 3 sélections 

* Division III A – 1970-1971 - 29 sélections - Il manque une seule rencontre : U.R.N. – Lyra : 4-0

* Division III B – 1971-1972 - 21 sélections - Il marque son premier but avec l’Union : Herve – U.R.N. : 0-4

* Division III A – 1972-1973 - 25 sélections - Il score à une reprise : Helzold – U.R.N. : 2-1

* Division III A – 1973-1974 - 28 sélections - Il inscrit lors de la dernière journée : U.R.N. – Helzold : 4-1

* Division III B – 1974-1975 - 29 sélections - Il ne manque que la rencontre : Hoeselt – U.R.N. : 3-4

* Division III B – 1975-1976 - 28 sélections - Il inscrit un but lors de la rencontre U.R.N. – L.C. Bastogne : 3-1

* Division III B – 1976-1977 - 29 sélections - Il doit faire l’impasse sur la rencontre U.R.N. – Zonhoven : 0-0

 

>> TOTAL : 193 sélections en équipe fanion (championnat) - 4 buts marqués.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’équipe 1974-1975 (3ème de D III B) :
DEBOUTS : Lawalrée J-M, Hucorne M., Blaise G., Catinus J., Castellan L, Legros C, Ban B.
ASSIS : Cammaerts J., Semmeling L., Soulier M., Hanse J., Ranogajec B., Mouzon D., Calovic B.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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